L’apprentissage de l’autonomie chez son enfant: une expérience enrichissante!
- Par
- Olmaille Pierre-Louis, adjointe aux communications et maman
«Non maman, je veux m’habiller toute seule. Je suis une grande fille», me répète Maya quand je veux l’aider à enfiler ses vêtements. À 3 ans, elle se croit déjà capable de se débrouiller. Certainement, les enfants sont en mesure de réaliser sans aide des tâches simples, selon leur âge. Nous pouvons les aider à gagner en autonomie si nous ne faisons pas à leur place ce qu’ils peuvent faire. Dans cet article de blogue je partage avec vous comment j’ai aidé ma fille à tendre vers l’autonomie.
* Version en créole disponible ici.
Je me rappelle combien c’était compliqué pour moi de m’adapter quand je suis arrivée au Canada en 2017. J’ai toujours vécu en Haïti avec ma mère qui avait la charge complète de la maison. Maintenant qu’elle n’était plus là pour me guider, je devais me débrouiller toute seule. J’étais complètement désorientée. Prendre soin d’une maison avec toutes les responsabilités qui l’accompagnent était une tâche difficile pour moi. Je me faisais du souci par rapport à cela. Aujourd’hui je réalise que c’est important d’enseigner l’autonomie à nos enfants sous toutes ses formes dès leurs premières années de vie.
Parler de ce concept au Québec peut paraître peu pertinent dans le sens où c’est quelque chose qui fait partie des premiers apprentissages de l’enfant quand il rentre à la garderie. Mais avez-vous pensé que cette notion peut être perçue différemment d’une famille à l’autre?
Entre amour et surprotection
Je suis la dernière enfant de ma mère et j’ai toujours ressenti son amour pour moi. Elle est une maman extraordinaire, qui a toujours voulu voir ses enfants s’épanouir. Mais, une chose que j’ai remarquée lorsque je suis devenue adulte, c’est que ma maman m’a montré son amour en me surprotégeant sans le vouloir. Elle croyait qu’en faisant presque tout à ma place elle me démontrait l’intensité de son affection. M’occuper de mes activités scolaires était mon unique responsabilité. Étant devenue adulte, je m’occupais de mon boulot et ma maman s’affairait aux tâches ménagères.
Était-ce une bonne pratique? Était-elle consciente des impacts que son comportement pourrait avoir dans ma vie dans le futur? Je ne pense pas! Elle voulait tout simplement me voir heureuse, sans pour autant penser que cela pourrait nuire à mon épanouissement.
L’autonomie, ça s’apprend!
Lorsque ma fille a commencé la garderie, elle avait 5 mois. À 8 mois, les éducatrices ont commencé à lui apprendre à manger toute seule. Elle devait tenir sa petite cuillère pour essayer de la porter à sa bouche. Vers l’âge de 18 mois, elle devait être de plus en plus à l’aise à manger sans aide. Quand, j’ai partagé cette information avec ma mère, elle était étonnée de l’apprendre, parce que cela lui semblait inacceptable qu’on laisse un bébé de 18 mois manger tout seul. Jusqu’à aujourd’hui elle garde encore sa sensibilité parentale. Quand elle m’appelle, elle me dit souvent: «J’ai hâte de venir te rendre visite au Canada pour pouvoir t’aider et m’occuper de ta petite fille, ainsi tu pourras te détacher des tâches domestiques.» J’imagine qu’il existe encore des parents ou des grands-parents comme ma mère!
Ce que j’ai appris de mon expérience
J’ai compris que la notion d’autonomie est un apprentissage à développer chez son enfant tout au long de sa vie. C’est une habileté qui l’aidera à avoir le contrôle sur sa vie, à maintenir son estime personnelle et à développer sa confiance en soi. Un enfant qui a une certaine indépendance sera plus apte à prendre certaines décisions.
Mon immigration m’a permis de me détacher de mon cercle familial ce qui fait que j’ai pris de l’assurance par rapport à certaines responsabilités. Aujourd’hui, je m’en sors plutôt bien. Ne voulant pas que ma fille, 3 ans, se retrouve dans la même situation que moi quand elle sera grande, je commence déjà à la responsabiliser vis-à-vis de certaines tâches à effectuer à la maison. Certes à la garderie, je ne doute pas qu’elle apprend à être autonome, mais c’est aussi un apprentissage qui doit continuer dans l’environnement familial.
Ce que je fais pour aider Maya à développer son autonomie
- Je lui donne des responsabilités adaptées à son âge, par exemple lui demander de ranger ses chaussettes par paires.
- Je la félicite quand elle prend l’initiative à desservir la table après le souper sans que je lui demande.
- Je la remercie pour les petits services rendus.
- Je lui présente des situations pour lesquelles elle doit prendre une décision, par exemple, lui proposer de choisir l’histoire qu’elle aimerait que je lui lise en soirée.
- Je la laisse faire à son rythme sans la reprendre, comme prendre le temps qu’il faut pour finir son coloriage.
- Je lui donne la possibilité de choisir ses vêtements et de s’habiller toute seule avec un peu d’aide si nécessaire.
- Je lui demande de m’aider quand je fais la cuisine ou quand je nettoie la maison.
Un enfant est comme une éponge, il a la capacité d’absorber ce que nous lui donnons. En tant que parent nous pouvons profiter de cette phase de leur développement pour leur inculquer les bases de l’autonomie. Mais au début du processus, cela demande de la patience. Quand Maya décide de faire la vaisselle, je suis en mode panique et flexibilité. Je dois m’attendre à voir l’eau du robinet couler par terre. Là, je dois être à l’écoute de cette petite voix intérieure qui me dit: du calme Olmaille, tu dois juste t’assurer d’avoir ta serpillère non loin de toi. Laisse-la explorer.
Certes aujourd’hui, je peux vouloir aller plus vite en faisant à sa place ce qu’elle peut faire. Mais quand je regarde les bénéfices de cet investissement sur le long terme, j’estime que le jeu en vaut la chandelle.
Je vous souhaite bon succès avec vos petits bouts de choux chers parents!