Quand je suis la dernière en classe
- Par
- Ariane Lantagne, coordonnatrice marketing
«Pendant un examen du Ministère, tu vois les autres élèves un à un déposer leur évaluation et quitter la classe. Tu jettes un coup d'œil sur ton cahier, il est à peine commencé. Ton regard se porte sur l’horloge, et puis sur l’heure limite inscrite au tableau… c’est là que le stress monte. Tu te poses tant de questions que perdu dans tes pensées, tu en oublies presque ton examen.»
— ZUT, MON EXAMEN! Quoi? 25 minutes se sont écoulées! Où étais-je pendant tout ce temps-là?
Ayant des troubles d’apprentissage (dyslexie et dysorthographie) et un trouble de déficit de l’attention (TDA), je me suis quelques fois retrouvée seule dans la classe pour finir une évaluation. Surtout pour celles comportant de la rédaction et de la lecture. Quelles questions m’habitent et que se passe-t-il à ce moment-là?
Se perdre dans ses pensées
Je sais que je ne dois pas me préoccuper des autres qui quittent la classe ou de l’horloge pour savoir de combien de temps je dispose. Encore moins de fixer les murs ou ma feuille en attendant tant bien que mal que les réponses me viennent à l’esprit, mais c’est plus fort que moi. En un éclair, une panoplie d’interrogations me passent par la tête:
- Pourquoi les autres ont-ils déjà fini?
- Est-ce qu’il y a juste moi qui ne comprends pas?
- Qu’est-ce que les autres vont penser de moi, du fait que je n’ai pas encore terminé?
- Est-ce que mes amis ont déjà fini et vont-ils être partis lorsque j’aurai terminé?
- Pourquoi ai-je un trou de mémoire, pourtant j’ai étudié?
- Est-ce que je vais avoir le temps de terminer?
- Etc.
Toutes ces questions inutiles qui me font perdre un temps précieux pour compléter mon examen. Bon sang, pourquoi mon cerveau n’est-il pas capable de se concentrer sur ma feuille?
Remarque: Ceux qui sont tous partis, ça ne voulait pas dire qu’ils connaissaient nécessairement toutes les réponses. Certains oui, mais d’autres se sont peut-être dépêchés pour s’en débarrasser et aller rejoindre leurs amis. Qui sait?
De dernière à première
Ce n’est pas parce que je termine souvent la dernière qu’il ne peut pas m’arriver le contraire. Toutefois, dans ces moments-là, le doute m’envahit tout de même et une vague de questions émerge:
- J’ai déjà fini?
- Pourquoi reste-t-il encore plein de monde?
- Est-ce que j’ai répondu trop vite?
- Est-ce que j’ai bien compris l’examen?
- Est-ce que je devrais réviser à nouveau?
- Etc.
C’est là que je me mets à réviser mon examen. Je survole chaque question à nouveau, encore et encore, jusqu’à ce que je réalise que 30 minutes sont passées et que la moitié des élèves ont quitté la classe.
Être parmi les premiers, c’est comme être parmi les derniers. Je constate que j’avais terminé il y a des dizaines de minutes, mais que je me retrouve encore assise à mon bureau parmi les derniers.
L’angoisse d’un examen incomplet
Lorsqu’il reste peu d’élèves dans la classe et que la fin du temps alloué approche, une question m’anime: «Que va-t-il arriver si je ne peux pas le terminer?». La réponse immédiate: «C’est sûr que j’échoue!». C’est bel et bien ce que je me suis dit lors de mon examen d’admission au programme de Stratégies et animation des réseaux sociaux offert au collégial.
À 20 minutes de la fin, la personne qui supervisait est venue me rappeler de ne pas oublier de rédiger ma rédaction au propre. (Ce dont je n’étais pas au courant, car j’étais arrivée un peu en retard.) Le stress m’envahit… j’ai pris un crayon à l’encre et j’ai commencé à écrire la version finale de mon texte incomplet puisqu’il ne comprenait pas les 250 mots exigés. J’avais mal à la main, j’avais des crampes dans les doigts à force de serrer mon stylo, mais je continuais d’écrire. Pile quand la responsable dit: «C’est terminé», j’ai écrit mon dernier mot.
Le mois et demi suivant, dans l’attente d’une réponse, j’étais désespérée, stressée et je me répétais que je n’allais sûrement pas être retenue, puisque mon texte ne respectait pas tous les critères et que je n’avais pas eu le temps de réviser les fautes. Au contraire, je m’étais créé cette peur pour rien, j’étais acceptée!
Constat: Que je sois dans les premières ou les dernières à finir, je vais stresser et douter tout autant. Que je me pose toutes les interrogations du monde ne m’avancera à rien. Que de ne pas terminer ou répondre à toutes les questions d’un examen ne résulte pas en un échec automatique.
Alors, avec le temps, j’ai appris à rester dans le moment présent, à me concentrer sur mes évaluations et à faire de mon mieux, car j’ai compris que rien n’est perdu d’avance. C’est une chance que je n’ai pas décidé de laisser tomber lors de ces 20 dernières minutes de mon examen d’admission, car aujourd’hui ces études m’ont permis de trouver un emploi dans un domaine que j’aime et pour lequel je suis appréciée.