Rendre les apprentissages optionnels au Québec: une erreur à corriger.
- Par
- Carlo Coccaro, Papa de 3 et entrepreneur social
Pendant cette pandémie, tout a été mis sur pause, même l’éducation de nos enfants. C’est une erreur qu’il faut corriger dès maintenant.
Au tout début de la crise de la COVID-19 au Québec, en mars dernier, le gouvernement du Québec et son ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur ont décrété 2 semaines de pause dans l’enseignement au Québec. Congé pour les élèves, congé pour les enseignants.
Ensuite, le 22 mars, vint l’annonce de l’annulation des épreuves ministérielles et du 3e bulletin. Pour le reste de l’année scolaire, au Québec, l’apprentissage sera optionnel et on va encourager les enseignants à communiquer avec leurs élèves, surtout les plus vulnérables.
Pour la pédagogie, ce qui est proposé est générique et optionnel
Il y a eu le lancement du portail ecoleouverte.ca proposant des centaines de ressources gratuites pour « aider » les parents et les élèves. Des trousses pédagogiques sont aussi envoyées chaque semaine aux parents. Finalement, Télé-Québec propose aussi une nouvelle programmation à visées pédagogiques.
L’intention est bonne, mais ça ne s’avère utile que pour les parents qui ont le temps, les connaissances et l’énergie pour, d’une part, faire le tri des ressources pertinentes pour leurs enfants et, d’autre part, accompagner leurs enfants quotidiennement dans leurs apprentissages. Les parents ne sont pas des enseignants et leur sentiment de compétence diminue à vue d’œil.
Et sans personnalisation des apprentissages, les gains pédagogiques sont très variables et limités pour les élèves, surtout pour ceux en difficulté.
Monter dans le bateau
Le constat est clair: on a raté le bateau de l’éducation de nos enfants durant cette pandémie, pour le moment du moins. Il aurait fallu s’engager dans la voie de l’enseignement à distance le plus rapidement possible, comme l’a fait l’Ontario ou comme l’ont fait certaines écoles du Québec. Évidemment, il y a des enjeux et défis, mais la formation professionnelle et les solutions pédagogiques et technologiques existent.
Par souci d’égalité, on a préféré ne pas valoriser ou obliger l’enseignement à distance, car les élèves de milieux défavorisés sont moins outillés à la maison pour le faire (ordinateurs, connexions Internet, parents accompagnateurs, etc.). Ce faisant, on les a encore plus laissés tomber. Il aurait fallu recenser les besoins, équiper ces familles et enfants et aller de l’avant. Ça n’aurait pas été parfait, évidemment, mais ça aurait été beaucoup mieux.
Et les élèves ayant des difficultés ou troubles d’apprentissages? Même constat. Ils ont besoin de soutien plus que jamais. Rendre l’apprentissage optionnel avec des ressources génériques gratuites n’aidera jamais suffisamment ces élèves. Déjà que leur parcours est difficile en temps normal, la situation actuelle pourrait être dramatique pour plusieurs d’entre eux. Les outils technologiques sont au cœur de la réussite scolaire de milliers d’entre eux et la technologie est au cœur de l’enseignement à distance. Ils pourront progresser et faire valoir leurs forces et talents même en situation d’enseignement à distance.
Ce ne sera plus comme avant… pendant longtemps
Et les enseignantes et enseignants du Québec? Il faut les former, les outiller, les encadrer. Ils veulent aider et faire la différence, mais on doit les aider à s’adapter rapidement. Les écoles ne seront plus les mêmes pour un petit bout (et peut-être pour toujours) et l’organisation scolaire et pédagogique de notre système d’éducation devra s’adapter. C’est un fait.
De toute façon, la rentrée en mai ou en septembre sera fort probablement progressive et à temps partiel pour les élèves. L’enseignement à distance devra être combiné à l’enseignement en classe pour encore de nombreux mois ou années à venir.
Mais pour réussir, il faudra des directives claires et le courage de faire les choses différemment au Québec au bénéfice de tous nos enfants. C’est ce qu’il faut faire pour eux. Et, comme j’aime le rappeler, les décisions prises pour le bien des enfants sont toujours de bonnes décisions pour la société.